jeudi 28 octobre 2010

Bunga Bunga

Hier dans la soirée, je reçois un tweet de l'ami François qui me demande des précisions sur le bunga bunga.

Réflexion faite, vu que c'est assez dur à expliquer en 140 caractères, et même en 140 mots, je pense qu'un billet dédié conviendra mieux...


La partie "publique" de l'histoire commence à Milan, le 27 mai dernier, lorsqu'une mineure d'origine marocaine, connue comme Ruby, 17 ans et demi à l'époque, est arrêtée par une patrouille de police. Une brésilienne dont elle avait partagé l'appartement l'avait dénoncée en l'accusant de lui avoir volé des bijoux et de l'argent pour plusieurs milliers d'euros. Accompagnée au poste, sans documents, il apparaît qu'elle s'est échappée de la communauté d'accueil où le Tribunal des mineurs de Messina l'a placée ; elle devrait donc être gardée à vue en attente d'identification. C'est alors que le chef de cabinet de la préfecture de Milan, Pietro Ostuni, directement contacté par la Présidence du Conseil pour s'intéresser de l'affaire, téléphone au bureau de police pour demander la libération immédiate de la jeune fille, sans procéder à la signalétique et sans rédiger de rapport de service.

Avec l'excuse suivante : « C'est la nièce de Hosny Moubarak, le président égyptien ! » (parenthèse linguistique : nièce ou petite-fille, ce n'est pas très clair, car c'est le même mot en italien, nipote, qui a donné en français ... népotisme).

Elle est attendue à la sortie du commissariat par Nicole Minetti, ex-soubrette de la télé, spécialiste de l'hygiène buccale de Berlusconi (je ne plaisante pas, puisqu'elle est présentée comme "igienista dentale del presidente del consiglio"), élue depuis sur les listes (truquées selon le Parti radical, qui a porté la chose devant le Tribunal Administratif Régional, audience prévue le 9 décembre prochain) de Roberto Formigoni, du parti de Berlusconi, président de la Région Lombardie.

Hier, lors d'une conférence de presse, à la question d'un journaliste qui lui demandait confirmation ou infirmation de ce coup de fil pour le moins impromptu, au lieu de démentir, Berlusconi a répondu, textuel :

- « j'ai bon coeur et donc je m'occupe des problèmes des personnes ! » (Io sono una persona di cuore e quindi mi occupo dei problemi delle persone).

Naturellement, quand on voit la personne en question, on comprend mieux son désir ... de l'aider.

Mais comment en est-on arrivé là ? C'est ce que je vais essayer d'expliquer. Car lorsque Ruby raconte qu'elle a fréquenté les fêtes de Villa San Martino à Arcore, la somptueuse demeure de Silvio Berlusconi près de Milan (pratiquement escroquée pour une bouchée de pain à une autre mineure orpheline, pour rester sur l'argument...), où elle aurait pratiqué le "bunga bunga", ou simplement assisté à cette espèce de "rite sexuel propitiatoire", ça jette un froid...

Observons de suite que les "confidences" de Ruby ont d'abord été faites aux assistantes sociales, qui sont évidemment tenues de tout rapporter aux services de police. Et même si la jeune fille se contredit souvent, alternant affirmations et démentis, en mêlant probablement le vrai et le faux (comme lorsqu'elle déclare avoir reçu de l'argent de Berlusconi, en donnant une fourchette plutôt vague, puisque ça va de 7 000 à 150 000 en passant par 30 000 €), les enquêteurs tentent donc de vérifier ses différentes versions ; il n'en reste pas moins que certains faits troublants sont d'ores et déjà avérés :

  • il est avéré que son portable a fonctionné dans la même cellule que celle de la villa de Berlusconi, où sa présence a d'ailleurs été confirmée par Emilio Fede lui-même ;
  • il est avéré que certains bijoux qu'elle possède ont bien été payés par Berlusconi ;
  • il est avéré qu'elle a fait du "shopping" promenée à bord d'une Audi 6 à vitres teintées avec chauffeur ;
  • il est avéré qu'à la gare de Milan, arrêtée par la police ferroviaire parce qu'elle était sans papiers, Ruby téléphone à "son" avocat, qui n'est autre que Luca Giuliante, trésorier milanais du parti de Berlusconi, grand ami de Paolo, le frère de Berlusconi, et avocat de ... Roberto Formigoni et Lele Mora, sous enquête dans cette histoire, aux côté d'Emilio Fede (celui qui aurait "découvert" Ruby lorsqu'il présidait le jury d'un concours de beauté) et Nicole Minetti, pour "incitation à la prostitution", en clair, proxénétisme et, qui plus est, impliquant une mineure...

Autre chose particulièrement étrange, ce même avocat aurait présenté au Tribunal des mineurs une demande d'adoption de Ruby, pour le compte de la future aspirante "maman", qui n'est autre que Diana Mora, la fille de Lele Mora...

En oubliant peut-être un peu vite que Ruby a une famille qui vit en Sicile, une famille modeste (son père, marocain, est un vendeur ambulant, et elle-même n'a pas la nationalité italienne). Donc lorsque ces gens-là disent qu'ils ont été trompés sur l'âge, c'est peu vraisemblable puisqu'on n'adopte pas les majeurs, à ma connaissance... Et "Tribunal des mineurs", ça veut bien dire ce que ça veut dire !

Donc même lorsqu'elle affirme que personne n'était au courant du fait qu'elle était mineure, puisqu'elle ne fêtera ses 18 ans que dans ... deux jours, le 1er novembre, elle est peu crédible !

Noemi Letizia aussi était mineure (celle qui appelait Berlusconi papounet), puisque Berlusconi créa la surprise en se présentant chez elle, à Casoria, le jour de ses dix-huit ans, et les analogies sont nombreuses avec cette nouvelle affaire. Or une interview m'est restée en mémoire, où le journaliste lui demandait les chansons préférées de Berlusconi, et surtout qu'elle était la blague qu'il préférait raconter. Réponse de Noemi :
Deux ministres du gouvernement Prodi vont en Afrique, sur une île déserte, où ils se font capturer par une tribu d'indigènes. Le chef de la tribu demande au premier ôtage : « Toi préférer mourir ou bunga-bunga ? ». Le ministre choisit bunga-bunga et il se fait violer. Quand c'est au tour du deuxième, sommé de décider entre les deux options, celui-ci répond : « Plutôt mourir ». À quoi le chef de la tribu réplique : « D'accord, tu mourras, mais d'abord bunga-bunga... »
Que chacun en tire les conclusions qu'il veut.

Personnellement, une phrase de Veronica Lario me revient à l'esprit, lorsqu'elle décida de divorcer de Berlusconi après l'épisode de Casoria :
J'ai fait de mon mieux, j'ai fait tout ce que j'ai cru possible. J'ai tenté d'aider mon mari, j'ai imploré ceux qui étaient à ses côtés d'en faire autant, comme on le fait avec une personne qui n'est pas bien. Sans résultat, tout aura été inutile. Je croyais qu'ils auraient compris, je me suis trompée. Maintenant ça suffit.
(...)
Je ne peux plus rester avec un homme qui fréquente des mineures.
Les faits démontrent que Veronica Lario disait vrai...

* * *

[MàJ - 31 octobre 2010] Au fil des jours et des infos, on en sait de plus en plus sur la responsabilité de Berlusconi dans cette affaire, et comme le révèle le quotidien Repubblica, le déroulement des événements a fait l'objet d'une note "confidentielle" adressée par l'ex-préfet de Milan au Ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni :

Berlusconi a donc menti délibérément en affirmant qu'il s'agissait de la nièce - ou de la petite-fille - de Moubarak, juste pour étayer sa thèse selon laquelle il n'était pas nécessaire de placer la mineure dans une communauté d'accueil, afin d'éviter de faire des vagues...

Un mensonge écrit noir sur blanc dans le rapport de police :

Donc, outre le mensonge caractérisé, l'abus de pouvoir évident et, last but not least, l'intérêt ô combien suspect de Berlusconi pour une mineure, le pire dans tout ça, c'est que Berlusconi ne trouve rien de mieux à déclarer que :
Je suis un joyeux luron qui aime la vie et les femmes, je mène une vie d'enfer et j'ai bien le droit de m'accorder des soirées relax, je suis fier de ma vie et ne reconnais à personne le droit à prétendre me faire changer de style de vie...
Certaines questions demeurent : qui a averti Berlusconi de la présence de Ruby au poste ?

Quant à Nicole Minetti, qui a signé le procès-verbal comme "conseillère ministérielle auprès de la Présidence du Conseil" et à la responsabilité de qui les policiers ont remis Ruby, non seulement personne ne sait où elle l'a accompagnée ensuite, mais selon la version papier du quotidien "La Stampa", elle l'aurait conduite chez une "amie brésilienne" (contre qui Ruby a porté plainte par la suite, en l'accusant d'avoir voulu l'inciter à la prostitution...), en compagnie d'une "autre brésilienne", qui aurait candidement admis : « J'avais le numéro de téléphone du président depuis quelques années, mais à ce jour j'avais jamais eu l'occasion de m'en servir... »

Et le journaliste de s'interroger : - « Comment se fait-il qu'un grand nombre de filles, brésiliennes, marocaines, italiennes, russes, connaissent le numéro de portable de Berlusconi à utiliser en cas de besoin ? »

La question est posée...


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P.S. J'imagine la tête de Moubarak quand il a appris qu'il avait une autre nièce, ou petite-fille, qui jouait au bunga-bunga, « jeu érotique enseigné à Berlusconi par le colonel Kadhafi qui le pratique avec son harem africain »...



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samedi 2 octobre 2010

134 milliards de dollars - l'opération Lys d'Or et le Traité de Versailles !

[MàJ - 13 octobre 2010] Hier a eu lieu la comparution d'Alessandro Santi devant le tribunal de Como et, contrairement à ce qu'il avait annoncé, il ne s'est pas présenté, n'a pas été entendu et s'est accordé sur une peine de 16 mois d'emprisonnement. Autant dire qu'il restera tranquillement chez lui puisque la législation italienne prévoit la résidence surveillée pour les personnes âgées de plus de 70 ans.
Quant aux deux japonais, ils devraient être jugés le 25 mai 2011 ... gageons par contumace !

* * *

Certaines affaires sont de gigantesques puzzles extrêmement difficiles à recomposer tant qu'on ne dispose pas de tous les morceaux. Ceci dit, au fur et à mesure qu'on découvre de nouvelles tesselles, il est possible de reconstituer des portions de l'ensemble, et petit à petit l'intégralité du tableau apparaît de plus en plus clairement...

134,5 milliards de dollars
L'opération Lys d'or
Le Traité de Versailles
Conclusion (provisoire)

* * *

134,5 milliards de dollars

Fin mai 2010, pratiquement un an après le début de cette incroyable affaire, le dénouement était officiellement connu : les 134 milliards de dollars saisis à Chiasso étaient des faux !

Or la chose n'ébranle nullement mon intime conviction, à savoir que cette histoire est trop grosse pour être fausse. Ce que je vais tenter de démontrer. En l'attaquant sous un angle nouveau, qui m'a été suggéré en août 2009 (voir P.S.) :
Un lecteur m'a conseillé de m'intéresser à l'opération Lys d'or en rapport avec cette affaire, mais en dépit de mes recherches je n'ai pas trouvé de liens évidents entre les deux...
Car même si je n'en parle plus (l'info a disparu dans la presse depuis des mois, complètement étouffée et apparemment réglée de façon définitive : ce sont des faux et puis c'est tout...), j'ai découvert il y a peu que les photos des fameux bonds saisis étaient ENFIN disponibles sur le Web, sur un site ... américain, autre constante dans cette histoire : tantôt des infos que l'on trouve chez les américains (sources anonymes) sont confirmées par les italiens (sources nommées et identifiables), tantôt les documents dissimulés par les italiens finissent sur des sites Web américains, où d'autres infos ont également été anticipées par un certain Hal Turner, informateur notoire du FBI...

Mais avant d'entrer dans le vif du sujet, resituons les événements en revenant un instant au premier communiqué officiel des douaniers italiens, n° de protocole 78836 /RU :


Dont je relève le passage suivant (c'est moi qui graisse) :
Les titres étaient en possession de deux Japonais, âgés d'une cinquantaine d'années, qui ont affirmé aux douaniers n'avoir rien à déclarer à leur descente du train en provenance d'Italie. Or un contrôle minutieux de leurs bagages a permis de trouver, cachés dans le double-fond d'une valise contenant leurs effets personnels, 249 “bonds de la Federal Reserve” d'une valeur nominale de 500 millions USD l'un, et 10 “bonds Kennedy” d'une valeur nominale de 1 milliard USD l'un, outre une importante documentation bancaire ORIGINALE.
Les bons du Trésor et les documents qui les accompagnaient ont été saisis et font actuellement l'objet d'une enquête pour en déterminer l'authenticité et l'origine.
En effet, de prime abord, les douaniers italiens nourrissaient plus de doutes sur les "bonds Kennedy" que sur les 249 bons d'une valeur nominale de 500 millions $ chacun :
Pour l'heure, je peux seulement dire que nous avons de gros doutes sur les 10 bons "Kennedy", d'une valeur nominale de 1 milliard $ l'un, tandis que les bons de 500 millions sont imprimés sur du papier filigrané d'excellente facture, ils semblent plus crédibles.
(...)
Naturellement, nous collaborons avec des experts des services secrets américains, et nous devrions bientôt disposer d'expertises officielles pour éclaircir la question.
(...)
Les japonais, en transit de l'Italie vers la Suisse, ont été interrogés et ont déclaré ce qu'ils avaient à déclarer. Ils sont à présent en liberté, je ne peux en dire plus pour le moment.
Des déclarations qui datent de juin 2009. Il aura donc fallu pas moins de 11 mois aux experts des services secrets américains pour décréter qu'il s'agissait de faux. Et quels faux ! On se demande vraiment où les faussaires vont puiser leur imagination...

Comme vous le voyez sur le communiqué ci-dessus, il y a les 249 bons étalés à gauche, une photo recto-verso d'un bon Kennedy au centre, et à droite un certificat où l'on distingue la mention suivante : Inventory List.

Cette liste d'inventaire qui accompagne les bons, la voici de plus près :


Dans le détail, la "fourniture" comprend :
  • Federal Reserve Certificate
  • Gold Bullion Certificate
  • Treasury Certificate
  • Insurance Certificate
  • Global Immunity
  • Packing List
  • Box n° D 45183601 A
  • Bond n° D 45183601 A - D 45183850 A
  • Total amount $ 125 000 000 000
  • AU 2500 Metric Tons 99.99%
  • Series of 1934
  • P.D. 13 - 30
En photos :

Federal Reserve Certificate

Gold Bullion Certificate

Treasury Certificate

Insurance Certificate

Global Immunity

Packing List


Quant aux 250 bons de 500 millions qui composent la "boîte", à l'effigie du président Woodrow Wilson, ils sont tirés par la Federal Reserve Bank of Cleveland et leurs numéros de série vont de D 45183601 A à D 45183850 A.

Voici le recto du D 45183601 A SERIES 1934, premier de la boîte :

Son verso :


qui porte la mention suivante :
The Secretary of the Treasury acting on the instruction of The United States of America issues these bonds to the amount of $ 500 000 000 for all debts, public and private redeemable for the period of 30 years with an interest rate of 4% per annum.
Et le recto du D 45183850 A, dernier de la boîte :


avec 33 coupons détachables, les petits carrés ci-dessus que vous voyez sur 5 colonnes, numérotés de 1 à 33 en partant du carré droit inférieur, n° 1, et en remontant progressivement de droite à gauche jusqu'au carré gauche supérieur, n° 33, chacun portant le texte suivant :
FEDERAL RESERVE NOTE
This coupon is for
FIVE HUNDRED MILLION DOLLARS
$ 500,000,000 shall be payable on
the last day of the 30th year of The
United States of America and
redeemable for the period of 30 years
with an interest rate of 4% per annum.
OHIO
Mais de quelle "boîte" s'agit-il ? D'une boîte dans une valise ?


(et il y en a des valises...)


Ou d'une boîte dans un coffret ?


qui contient sous le Sceau des États-Unis


6 boîtes avec sur chaque tranche les n° de série et la composition de la boîte (généralement 250 bons, d'une valeur nominale soit de 1 milliard $ soit de 500 millions $ chacun)


avec au recto de chaque boîte l'inscription : Federal Reserve Bonds - Series of 1934 - Treaty of Versailles


et au verso la certification suivante :


This box is declared sealed and registered by the Department of Treasury on April 22, 1934, Washington D.C. U.S.A., containing Lawful instruments for redemption engagement and other commercial purposes.
Witness, the seal of Department of Treasury and signatures of duty authorized Officers this 22nd day of April, 1934, Washington D.C. U.S.A..
Donc nous ignorons si les 249 bons saisis à Chiasso proviennent d'une boîte de 250 contenue dans une valise ou dans un coffret, mais nous savons ce que dit la "liste d'inventaire" accompagnant les bons et autres certificats :
  • Boîte n° D 45183601 A
  • Bons du n° D 45183601 A au n° D 45183850 A
  • pour un montant total de 125 000 000 000 $
  • adossés à 2500 tonnes métriques d'or pur à 99,99%
  • Séries de1934
Et tout ça est faux ! Parole d'experts des services secrets américains ! Donc si l'on prend leur parole pour or massif, il faut bien convenir que les faussaires en question ont vu loin et ont fait fort, inutilement, certes, mais très loin et très fort quand même !

Puisqu'ils ont été jusqu'à falsifier des bons qui n'existent pas, qui n'ont jamais existé, qui n'existeront jamais ! En déployant des moyens pour le moins extraordinaires, en enterrant les valises et les coffrets pendant des décennies, probablement dans l'espoir que le jour où tout cela serait déterré, par le plus grand des hasards, ils seraient enfin universellement reconnus comme les plus grands et plus clairvoyants faussaires de l'humanité.

En témoigne l'existence des "faux" bons Kennedy de 1 milliard $ chacun, dont la FED certifie qu'elle n'a jamais émis ces billets. Et pourtant ...
..., selon Luigi Grimaldi, le journaliste de Liberazione qui a publié son article hier, en 1998, date d'émission de ces « billets des États-Unis » à l'effigie de Kennedy par le Trésor US et non par la Federal Reserve (qui ne ment donc pas en affirmant qu'elle n'a jamais émis de billets de cette valeur...), « 99% des billets en circulation étaient des billets de la Federal Reserve, et 1% des billets des États-Unis »...
Ces derniers se distinguent des précédents en portant la mention « billet des États-Unis » (United States Note) et en ayant des numéros de série ROUGES (vs. VERTS pour les autres, Federal Reserve Notes) :


Or on voit parfaitement que les numéros de série des billets "Kennedy" sont rouges : 

Mais vous avez déjà vu ou entendu parler de faussaires réalisant des faux de quelque chose qui n'existe pas, qui n'a jamais existé, le faux absolu en quelque sorte !?

Disons que c'est à ne pas y croire. Et en effet, beaucoup n'y ont pas cru en Italie. À commencer par les douaniers italiens, qui ont immédiatement parlé d'une importante documentation bancaire ORIGINALE et de bons imprimés sur du papier filigrané d'excellente facture, au point de sembler crédibles !

Et pourtant ils en voient passer, les douaniers italiens, des bidonnages en tout genre. Comme l'autre centaine de milliards $ de bons qui ont suivi, totalement différents, et qui n'avaient pour but, selon ma modeste opinion, que de noyer le poisson...

De même que n'y a pas cru le père Bernardo Cervellera, missionnaire de l'Institut Pontifical des Missions Étrangères, exdirecteur de Fides (1997-2002), l’agence de presse du Vatican, qui a vécu à Pékin et collabore actuellement au quotidien «Avvenire», qui intervient comme expert de politique internationale dans des émissions télé de premier plan, responsable du bulletin d'information en ligne AsiaNews, qui titrait ainsi le 30 juin 2009 : Everything suggests that the American bonds seized at Chiasso are real...

Une info pratiquement relancée par deux des principaux quotidiens économiques italiens, Italia Oggi et Milano Finanza, ce dernier commençant ainsi :
Les autorités italiennes considèrent suspecte la précipitation avec laquelle Washington a jugé que les bons étaient faux, vu l'enjeu d'une amende de 38 milliards d'euros. Reste encore à clarifier l'identité des deux suspects japonais et la nature de leurs relations avec la Banque centrale de Tokyo (...), une histoire qui risque maintenant de se transformer en affaire diplomatique.
Car c'est là où les choses se compliquent, comme le détaille le premier article (qui titre « Maintenant, que le Japon nous paie 38 milliards $ ») :
Le fait est que la seule chose dont on est sûrs pour le moment, c'est que les deux suspects sont bien japonais, l'un de la préfecture de Kanagawa, au centre du Japon, et l'autre de la préfecture de Fukuoka, à l'ouest du pays. Mais il y a plus encore.

Selon des sources confidentielles, l'un des deux, Tuneo Yamauchi, serait le beau-frère de Toshiro Muto, ancien vice-gouverneur de la Banque du Japon. Un détail loin d'être négligeable dans l'actuel bras de fer entre les autorités italiennes, japonaises, et la Fed. Car si la Guardia di Finanza avait estimé dès le départ que les titres étaient contrefaits, les deux hommes auraient dû être arrêtés et non pas remis en liberté sans commentaires.
Car de deux choses l'une :
  1. Soit les bons sont faux, et les porteurs auraient dû être arrêtés ;
  2. Soit ils sont vrais, ce qui expliquerait leur remise en liberté, mais pas le fait qu'aucune amende n'ait été dressée... à moins qu'ils n'aient été relâchés sur disposition du gouvernement italien pour des questions d'intérêt national...
Même s'il est plus probable que le fait qu'ils aient été relâchés tienne à une troisième raison, qui a été peu approfondie car publiée au compte-goutte et jamais officiellement confirmée : les deux japonais arrêtés auraient été en possession de passeports diplomatiques (de quel pays, je n'en sais rien) ! D'où leur relaxe...

Quant à l'intermédiaire italien impliqué dans l'affaire et à l'éventualité d'une mystérieuse piste russe, c'est encore du mystère ajouté au mystère ! Et surtout, comme dans le cas d'Italia Oggi et Milano Finanza, deux journaux dont les liens avec Silvio Berlusconi ne seraient pas très difficiles à établir, l'info est d'abord révélée par le quotidien du frère de Silvio Berlusconi, premier journal à parler d'un italien impliqué dans cette histoire :
Alessandro Santi, ex-président du Consortium International des Transports de Rome, dont le nom figurait dans les contacts d'Akihiko Yamaguchi et Mitsuyoshi Wanatabe, les deux japonais arrêtés à Chiasso puis relâchés...
Or après des semaines d'enquête et de perquisitions, les choses semblent se préciser, avec une surprise énorme : l'apparition d'une piste russe !
Puisque selon l'article, les deux japonais auraient dû rencontrer des russes en Suisse, des diplomates, semble-t-il. Tout est à confirmer, bien sûr, mais le rôle d'intermédiaire d'Alessandro Santi résulterait dans des actes notariés, où des pourcentages sont associés à son nom, vraisemblablement le montant des commissions.
Donc, pour récapituler rapidement, nous avons presque un an d'enquête impliquant la CIA et les services secrets italiens pour déterminer que ce sont des faux, avec des japonais relaxés probablement car en possession de passeports diplomatiques, avec des liens présumés de "proximité" avec la banque Centrale du Japon et qui auraient dû rencontrer en Suisse ... des diplomates russes (!), ce qui porte à 4 le nombre de gouvernements s'intéressant de près à cette affaire : Italie, États-Unis, Japon et Russie, une situation confirmée par les enquêteurs, qui ont trouvé trace lors de leurs perquisitions de nombreux contacts entre Alessandro Santi et plusieurs "gouvernements étrangers".

Et peut-être même la Corée du Nord, puisque toujours selon Il Giornale de la famille Berlusconi, quelques mois avant la saisie, les services secrets américains avaient prévenu leurs homologues italiens de l'arrivée possible en Italie d'une grande quantité de titres du Trésor américain, que le gouvernement nord-coréen (sous embargo à cause de ses provocations nucléaires) aurait tenté de convertir en euros.

Quant à l'intermédiaire italien, Alessandro Santi, il y a quelques jours (17 septembre), pour la première fois il comparaissait devant le Tribunal de Como, en déclarant au Juge qu'il était prêt à faire des déclarations : la deuxième audience a été renvoyée au 12 octobre prochain, je ne manquerai pas de vous tenir au courant s'il y a du nouveau.

Mais au lu de tout ce qui précède, vous comprenez bien que balayer toute l'histoire en affirmant : ce sont des faux et puis c'est tout, ça fait un peu léger et les soi-disant "faussaires" ont bon dos...

Car il est clair que le gouvernement US a toujours nié publiquement, en faisant tout pour dissimuler l'existence et l'authenticité de ce genre de bons : tous ne sont pas vrais, certes, mais tous ne sont pas faux non plus, et il semble qu'il y ait au moins deux cas où leur authenticité aurait été affirmée par des jugements de tribunaux civils :

1. l'un devant un tribunal espagnol dans un procès intenté par l'avocat catalan Santiago Vila Marqués, qui avait déjà perdu en 2003 un procès aux États-Unis contre la Federal Reserve Bank of Chicago :
As Loretta Laurel’s inheritance represented the largest part of the bonds, the Laurel circle decided to have a prominent Spanish attorney approach the U.S. Treasury, the FDIC (Federal Deposit Insurance Corporation), and the Federal Reserve Bank of Chicago. They chose Santiago Vila Marqués, member of a wealthy Catalan family owning thousands of acres along the Costa Brava, north of Barcelona. Vila Marqués, who had family ties to the Philippines going back generations, agreed on one condition: Half of whatever was recovered must go to projects to help raise living standards of the poor in the Philippines.  
Vila Marqués enlisted Chicago attorney Carey Portman, and Texas attorney Laurence J. Friedman (a friend of George W. Bush), to represent Loretta Laurel if the case came to trial in the U.S. They repeatedly contacted the Board of Governors of theFed, the FDIC and the Treasury Department during 2000-2001 presenting them with authenticated copies of one of the bonds, plus all related documents in the 1934 transaction. Eventually they received a response, different from Japan’s response to Norbert Schlei and his clients trying to get Tokyo to redeem the “57” IOUs. Interestingly, the Fed, FDIC and Treasury stopped short of denouncing the Laurel bonds as counterfeit and fraudulent. Instead, they said they “could not verify” that they werereal. This is a crucial distinction.
2. l'autre par la banque HSBC :
The historic financial document containers as shown following also have a secretive history and the U.S. Treasury/Federal Reserve publicly deny having printed these Federal Reserve Notes and Bonds, etc. However, HSBC recently proved forensically that these documents were indeed printed by the Treasury. As with the currencies noted above, there are also a great deal of “bogus” documents in circulation and, in many cases, the counterfeiting job is very precise with extremely good copies. The Treasury has been quietly taking possession of a number of the genuine “commodities” through several authorized trusts at a fraction of their face value.
J'ignore la fiabilité des sources, mais l'allusion faite par Sterling & Peggy Seagrave sur la procédure intentée par Norbert Schlei pour faire valoir l'authenticité de la fameuse série “57” des bons japonais est extrêmement intéressante, car nos deux japonais de Chiasso transportaient également cinq bons de cette série : quatre obligations de cent milliards de yens chacune, émises par le ministère du Trésor japonais le 30 avril 1983, plus une autre obligation de cinq cents milliards de yens (comme la n° A 05721), même date, même émetteur, soit un total de 900 milliards de yens, outre les 134,5 milliards de dollars (pour une valeur globale dépassant 100 milliards d'euros à la date de la saisie).

Or ces deux citoyens japonais, MM. Akihiko Yamaguchi, 55 ans, et Mitsuyoshi Watanabe, 61 ans :


Akihiko Yamaguchi & Mitsuyoshi Watanabe
étaient déjà complices en 2004 comme il résulte de cette procuration (valide jusqu'en 2013...) pour écouler ces fameux titres "Shōwa 57" (émission par le Japon de cette série d'obligations - nommée série 57, car émise en 1983, durant la 57e année du règne de l'empereur Hirohito -, dont nul ne sait encore vraiment, comme dans l'affaire qui nous occupe, si elles sont vraies et/ou fausses !).

Personnages vraiment très mystérieux, puisque selon cette source, Akihiko Yamaguchi serait un ex-haut fonctionnaire du Ministère japonais des Finances, impliqué en son temps dans l'écoulement illégal d'obligations qui aurait conduit à son arrestation et à sa condamnation à 20 ans de prison pour fraude ; et selon cette autre source, Yamaguchi serait en outre le beau-frère de l'ex vice-gouverneur de la Banque du Japon, Toshiro Muto.

En outre, que je sache, depuis le début de cette affaire, pas une seule fois les autorités japonaises ne se sont prononcées officiellement sur leurs deux concitoyens, alors qu'il y aurait matière, avouons...

L'opération Lys d'or

Mais attardons-nous un instant sur cette série “57” des bons japonais et sur Norbert Schlei, un avocat de haut rang aux États-Unis, qui fut en son temps collaborateur des administrations Kennedy et Johnson, qui engagea une longue bataille juridique dans son pays, pour le compte de clients asiatiques, afin de faire reconnaître l'authenticité de ces obligations, qui, selon lui, auraient été émises en 1983 sur ordre du Ministre des finances japonais, Michio Watanabe, à la demande de l'ex-Premier Ministre de l'époque, Kakuei Tanaka, après que celui-ci ait été impliqué dans le tristement célèbre scandale Lockheed...

Les autorités japonaises se défendirent en disant qu'il s'agissait de contrefaçons, et que le faussaire avait été emprisonné en 1983. Or selon toutes probabilités, le faussaire en question ne serait autre que l'ami Akihiko Yamaguchi, qu'on retrouve à Chiasso en juin 2009, 26 ans plus tard, avec encore plein de faux dans sa valise (quand bien même, à ce jour, l'histoire de Chiasso ne fait pas partie des scams officiellement répertoriés par la FED)...

Quant à Norbert Schlei, il déclara durant le procès (voir le point 1. The Source of the Financial Instruments) qu'il avait contacté en avril 1985 un consultant de la CIA, Stanley Sporkin, pour lui expliquer qu'il avait été informé par des sources japonaises, que le Général Douglas MacArthur avait accumulé un fonds secret de deux milliards de dollars durant l'occupation du Japon par les américains. Des richesses qui auraient été confisquées à la famille impériale japonaise - dont bonne part provenaient de l'opération Lys d'or -, et réunies dans un fonds ad hoc, le Marquat Fund, ou “M Fund”. Et Schlei d'ajouter que ce fonds était géré par les États-Unis et par le Parti libéral-démocrate japonais, en vertu d'accords secrets passés en 1958 entre le Premier ministre japonais, Nobusuke Kishi, et le Vice-Président américain de l'époque, Richard Nixon, qui aurait monnayé son élection à la présidence des États-Unis contre la promesse de rendre Okinawa au Japon et le contrôle du “M Fund” aux japonais :
The fund for which my clients are contending had its origin in the immediate postwar era. At that time General MacArthur became convinced that it was essential to establish a secret fund to be used for various purposes not suitable for public view.   Among these purposes was the financing of political activity deemed necessary to give democratic forces a running start and keep leftists in check until the new system was operating properly.Such a fund was duly created, utilizing primarily money and treasures which had been brought to Japan during the war from occupied areas (China, Korea, Taiwan, The Philippines, etc.) and funds and properties which had been owned by Japanese military forces.   So-called counterpart funds were later added.   These funds were administered by General MacArthur's Headquarters with the active assistance and advice of Prime Minister Yoshida.The fund established by MacArthur is sometimes called the “M Fund” or “Marcut [sic] Fund” after an officer named Marcut [sic] who was identified with the fund's establishment and early operation.   The fund was used not only for political purposes but for governmental or quasi-governmental purposes, such as providing very low-interest loans to Japanese key industries including coal, fertilizer, iron, shipbuilding, power and other heavy industries.When the Korean War broke out in 1950, General MacArthur required Japan to establish a National Police Reserve for the purpose of filling the vacuum in the maintenance of public order left upon the departure of the occupation army for Korea.   The Police Reserve was the predecessor of today's National Defense Force.   About yen 20 million needed to establish the Police Reserve was allocated from the M Fund.After the US-Japan Security Pact came into effect the fund continued to be jointly administered by the U.S. and Japan until the terms of the Pact were revised in the late 1950's through negotiations between Vice President Nixon and Prime Minister Nobusuke Kishi.   My clients assert that Nixon agreed with Kishi that if Japan would assist him in becoming President, he would see to it that the U.S. withdrew from its role in managing the M Fund and upon being elected would return Okinawa to Japan.   The revision of the Security Pact accomplished the former and in 1972 Mr. Nixon did the latter.My clients also assert that in due course Mr. Kishi helped himself to a fortune of yen 1 trillion from the fund.According to my clients a condition of the release of Japan of the M Fund was that Japan add a specified amount to the yen 12.3 trillion of which it consisted at that time.   The task of adding the required amount to the Fund fell to the administration of Premier Hayato Ikeda, who succeeded Kishi.   The plan was to obtain the necessary amount by selling the Japanese real estate which the government had confiscated during the war from people of enemy countries.   The task of carrying out this plan was delegated to Kakuei Tanaka, Finance Minister in the Ikeda Cabinet.Tanaka started the work in 1960 with financial assistance from Kenji Osano, Hideki Yokoi (and, later, a number of my clients) and such companies as Nissho Iwai, Nishikawa Futon and Konishi Sake Brewery.   A total of 1,681 properties were sold at a total profit of yen 7.9 trillion.   Most of these funds were deposited in the Nippon Kogyo Bank because Soppei Nakayama, President of the Bank, had greatly assisted Tanaka's work.   Fund sales were halted by Premier Sato in 1970 in order to avoid public disclosure of the program after questions were raised in a Diet committee by Akira Kuroyanagi Diet member from Komeito.During the years of Japanese administration of the Fund, it was normally held in the form of negotiable documents in the name of the Prime Minister or a small number of key officials.   However, when the Lockheed scandal threatened to erupt in the 1970's and it was thought necessary to have the documents held in others' names, a different policy was adopted and a large number of holders were utilized.   At the present time about 80 individuals hold documents representing a portion of the Fund.When the individuals holding the documents representing the Fund began to demand a voice in administering the Fund, the government vigorously resisted.   At various times it forcefully demanded return of the documents, but very few holders responded.   In order to prevent these documents from being negotiated, the government has at times advised persons making inquiry about these documents that they are forged.   However, my clients assert that most of the documents presently ots presently outstanding can be shown to have been printed at a factory of the Finance Ministry in 1981 by order of Finance Minister Michio Watanabe, now Minister of International Trade and Industry.   The ink used for the printing, they assert, is the ink used for printing the old paper money, now no longer circulating, and is totally unavailable except to the Ministry of Finance.
Donc, 30 ans plus tard, certains de ces documents réapparaissent à la frontière italo-suisse de Chiasso, aux mains de l'un des protagonistes du scandale de l'époque !!! Que penser ? D'autant plus que les montagnes d'or volées par les japonais dans le cadre de l'opération Lys d'or ont bel et bien existé, et que le pillage organisé à grande échelle est prouvé depuis longtemps :
Dès 1945, les services secrets états-uniens commandés par le général MacArthur connaissent l’existence du Lys d’or. Un agent, John Ballinger, déguisé en pêcheur a pu observer le déchargement de caisses remplies d’or transportées à bord d’un navire-hôpital. MacArthur fait arrêter son rival Yamashita et charge l’un de ses agents de l’interrogatoire du major Kojima, le chauffeur du général japonais. Severino Garcia Santa Romana obtiendra de nombreuses informations sur les itinéraires de Yamashita et parviendra ainsi à localiser un certain nombre de caches. « Santy » devient alors le gardien du « trésor de Yamashita ». Il est d’abord sous les ordres de MacArthur jusqu’à ce que l’énigmatique Edward Landsale [7], ancien agent de l’OSS récemment incorporé dans les services G-2 du général Willoughby [8], prenne la direction des opérations.

(...)

Le butin saisi par les autorités états-uniennes alimente dans un premier temps trois fonds secrets distincts. Le fonds Yotsuya finance les activités les moins avouables du bras-droit de MacArthur, le patron du G-2 Charles Willoughby, admirateur de Franco et des méthodes des polices fascistes. Le second fonds baptisé du nom de Joseph Keenan, procureur du procès de Tokyo, équivalent japonais du procès de Nuremberg, a une fonction très précise. Il s’agit d’acheter des témoins afin de disculper la dynastie impériale avec qui MacArthur s’est allié dans la lutte contre le communisme. Le procès de Tokyo est une véritable farce qui aboutit à la pendaison d’une poignée de boucs émissaires. Ainsi le prince Asaka, le boucher de Nankin, n’est pas convoqué tandis que le général Matsui, accusé d’un crime auquel il n’a pas participé est condamné à la pendaison. Yamashita, ennemi intime du général MacArthur, subit la même peine, condamné pour le massacre des civils de Manille. Le général Tojo est désigné comme le principal coupable et doit accepter d’endosser la responsabilité de la guerre à la place de l’empereur Hirohito.

Le fonds le plus stratégique est incontestablement le M-Fund dont l’usage est destiné à lutter contre une prise de pouvoir communiste ou social-démocrate au Japon. Après la guerre, un éphémère gouvernement socialiste est discrédité grâce aux crédits du M-Fund par le champion des États-Unis Shigeru Yoshida. Le fonds sert aussi à financer une histoire officielle de la défaite du Japon. Ainsi Yoshio Kodama publie ses mémoires I was defeated (J’ai été vaincu) ; le livre financé par la CIA par l’intermédiaire du M-Fund constitue un moyen de disculper les futurs hommes forts du Japon, des ultra-nationalistes qui plaisent à MacArthur comme Ryoichi Sasakawa et Nobusuke Kishi.

En 1951, le traité de paix est signé. L’article 14 dispose que le Japon n’a pas les ressources nécessaires afin de dédommager ses victimes. Le Lys d’or devenu Aigle noir ne doit pas être dévoilé.

Après 1952, le M-Fund est confié à un conseil piloté par des membres de la CIA et des services secrets japonais. Le fonds permet l’élection de Nobusuke Kishi, chef-pillard de la Mandchourie et ancien ministre du gouvernement de guerre de Tojo. Le criminel de guerre, extrêmement anticommuniste, plaît au gouvernement Eisenhower. Le M-Fund a ainsi financé plusieurs Premiers ministres tels que Kakuei Tanaka, Noboru Takeshita, Yasuhiro Nakosone et Miyazawa Kichii. Tanaka auquel Nixon aurait promis la gestion exclusive du M-Fund eut un usage particulièrement fréquent du fonds afin de financer élections et coups tordus.

C’est ainsi qu’une partie du Lys d’or fut investie au Japon et dilapidée par les « faiseurs de roi » du Parti démocrate libéral, unique détenteur du pouvoir pendant cinquante ans.
Tout cela est décrit dans plusieurs ouvrages, dont le célèbre Opération Lys d'or, par Sterling et Peggy Seagrave (Éditions Michalon, 2002) :
Dix-huit années d'enquête minutieuse pour reconstituer plus d'un siècle de l'histoire du Japon ont conduit les auteurs à découvrir comment le fameux miracle économique nippon a été, en grande partie, financé par le pillage systématique de l'Asie pendant la Seconde Guerre mondiale. Une mise en coupe réglée des pays conquis (Formose, Mandchourie, Corée, Chine, Philippines, Vietnam) dont 'la dimension, soulignent les auteurs, éclipse celle des nazis, en termes de chiffres, même si l'existence des pillages est toujours officiellement niée'. Cette razzia, organisée par l'armée impériale, est placée sous l'autorité occulte du prince Chichibu, le frère de l'empereur Hirohito. Baptisée du nom de "Lys d'or", l'opération aurait rapporté au japon 100 milliards de dollars en or, pierres précieuses, objets d'art et de culte. Quand les armées japonaises envahissent la Chine en 1937 et étendent leur emprise vers le Sud, " Lys d'or " fonctionne comme une campagne financière parallèle. Le butin est acheminé en camions vers la Mandchourie et la Corée, puis expédié par bateau au japon. Des documents prouvent également qu'une partie du trésor de guerre, caché aux Philippines, aurait été récupérée dans les années 1945-1948 par des agents de la CIA. L'argent déposé sur 176 comptes bancaires de 42 pays aurait servi à financer des réseaux anticommunistes de la centrale de renseignements américaine...
Et dire que cette appellation si poétique de Lys d'or aurait été tirée d'un des haiku favoris de l'empereur !

Le Traité de Versailles

En définitive, l'explication officielle des autorités américaines serait que les "U.S. Dollar Bonds" et autres "Morganthaus" qui circulent en Asie sont tous des faux, fabriqués par la CIA dans les années 30 et au début des années 40 pour aider Tchang Kaï-chek dans sa lutte contre les communistes chinois. Enterrés par les généraux du Guomindang pendant des décennies, ce n'est qu'assez récemment qu'ils ont commencé à réapparaître. Le but "théorique" de ces contrefaçons étant d'obtenir en échange une fraction de leur valeur nominale.

Reste à expliquer quelle est la relation entre ces titres soi-disant adossés à des milliers de tonnes métriques d'or pur à 99,99% (This note is bonded of gold by the Federal Reserve) et le Traité de Versailles, comme cela est explicite sur l'inscription des boîtes : Federal Reserve Bonds - Series of 1934 - Treaty of Versailles.
  • Et d'abord de quel or s'agirait-il ? 
  • Est-ce que cela serait lié à la promulgation du Gold Reserve Act le 30 janvier 1934, qui transféra toutes les réserves d'or des États-Unis de la Federal Reserve au Department of the Treasury, en mettant hors-la-loi la possession d'or par les particuliers, qui furent obligés de vendre leur or au Trésor, pour être stocké à Fort Knox et en d'autres endroits ?
  • Est-ce lié au refinancement de l'Amérique suite à la Grande Dépression de 1929 et des années 30 ? Et pourquoi ces valeurs nominales astronomiques ?
  • Ou bien est-ce que ce sont aussi des contrefaçons dues à la CIA ? Et si oui, dans quel but ?
En Europe, lorsqu'on pense au "Traité de Versailles", on fait généralement référence au traité de paix entre l'Allemagne et les Alliés qui a sanctionné la fin de la Première Guerre mondiale, ainsi qu'aux lourdes réparations économiques infligées à l'Allemagne.

En passant, il est curieux de constater qu'au moment où j'écris ces lignes, nous sommes à la veille du versement par l’Allemagne de la dernière tranche à des fonds de pension ou des particuliers, sur un total de 200 millions d'euros dus en plus des intérêts à la France et à la Belgique au titre de réparations de guerre, pour s'acquitter ainsi définitivement de la dette contractée il y a ... 91 ans aux termes du Traité de Versailles, en correspondance du 20e anniversaire de la réunification allemande.

Ceci dit, dans le cas des "boîtes" ci-dessus, il est probable que la mention "Treaty of Versailles" ne fasse pas référence à l'Allemagne, comme on pourrait le penser de prime abord, mais au Japon et au Mouvement du 4 mai, qui poussera le gouvernement chinois à refuser de signer le Traité de Versailles en juin 1919 :
En 1917, la République de Chine est entrée en guerre contre l'Allemagne auprès des Alliés. En 1919, à la la conférence de paix de Paris qui aboutit au traité de Versailles, les Alliés attribuent à l'Empire du Japon la partie des territoires du Shandong auparavant sous contrôle de l'Empire allemand. Cette exigence japonaise était l'un des points saillants des Vingt et une demandes présentées en 1915 à la Chine. Le Japon, déjà présent au Shandong depuis 1914, obtenait ainsi l'autorisation d'y demeurer sur le long terme. 
Or nombre des leaders du Mouvement rejoindront le Parti communiste chinois...

Conclusion (provisoire)

Il y a des parallèles évidents et nombreux entre la façon dont se sont comportés les américains au Japon et en Italie à la fin de la seconde Guerre mondiale. Là sous le commandement officiel du général Douglas MacArthur, ici sous le commandement officieux de James Jesus Angleton. Avec comme point commun l'obsession anticommuniste des États-Unis, là pour endiguer la montée du communisme en Asie, et ici en Europe, où il est documenté et largement prouvé que la CIA a financé les réseaux Stay-Behind, et notamment la P2 de Licio Gelli en Italie. Un ex-contractuel de la CIA, Richard Brenneke, a même documenté ces financements qui ont ouvertement contribué à la stratégie de la tension, et pouvaient même dépasser 10 millions $ par mois dans les années 70, ce qui est énorme.



"Déstabiliser pour stabiliser", tel était le mot d'ordre (qui rappelle un peu celui de la mafia : "faire la guerre pour faire la paix"...). C'est ainsi que, là les américains ont recyclé les criminels de guerre japonais et toute l'extrême-droite nippone, ici les criminels de guerre nazis, collaborationnistes et toute l'extrême-droite italienne et européenne, notamment via l'Agenter Press de Guérin-Sérac.

Naturellement, toutes ces "vérités" sont officiellement niées, démenties, dissimulées ou atténuées quand on ne peut faire autrement. Celles et ceux qui tentent de les raconter sont souvent taxés de "conspirationnisme", un terme bien pratique pour éviter d'approfondir et couper court à toute contestation raisonnée...

Toutefois, dans ce billet, j'ai juste tenté de raconter des faits. Après, libre à chacun/e de se faire sa propre opinion.

La mienne est que la guerre froide fut une vraie guerre, que nos "démocraties occidentales" en paient aujourd'hui encore les conséquences, et que sans travail collectif de vérité et de mémoire pour raconter l'indicible il est impossible de fonder quoi que ce soit sur des bases saines.

Il y a deux termes historiquement communistes qui pourraient tracer un programme d'avenir : glasnost et perestroïka, ou chercher la transparence pour mieux reconstruire.

Et tenter de raconter ENFIN la vérité sur la saisie de Chiasso serait un bon début ! Même si, pour l'instant, c'est mal parti...


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P.S. 134 MILLIARDS DE DOLLARS - CHRONOLOGIE

I. 134 milliards de dollars (8 juin 2009)
II. 134 milliards de dollars - suite (10 juin 2009)
III. 134 milliards de dollars - trop gros pour être faux (14 juin 2009)
IV. 134 milliards de dollars - les mystères de l'information (16 juin 2009)
V. 134 milliards de dollars - les comptes ne tournent pas rond ! (24 juin 2009)
VI. 134 milliards de dollars - le mystère continue ! (30 juin 2009)
VII. 134 milliards de dollars - Hal Turner (4 juillet 2009)
VIII. 134 milliards de dollars - Dragon Family (6 juillet 2009)
IX. 134 milliards de dollars - Ordre exécutif 11110 (15 juillet 2009)
X. 134 milliards de dollars - Interrogation parlementaire (3 août 2009)

Résumé de l'affaire (5 septembre 2009)

XI. 134 milliards de dollars - Autre saisie ! (18 septembre 2009)
XII. 180 milliards de dollars (19 septembre 2009)
XIII. 314,5 milliards de dollars : la piste russe ! (21 septembre 2009)
XIV. xyz ... milliards de dollars : conférence de presse (22 septembre 2009)

Épilogue (provisoire)

XV. 134 milliards de dollars - épilogue ... "officiel" (24 mai 2010)
XVI. 134 milliards de dollars - l'opération Lys d'Or et le Traité de Versailles ! (2 octobre 2010)

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samedi 18 septembre 2010

L'iceberg Silvio Berlusconi - la partie immergée


Voir la PARTIE ÉMERGÉE
Les deux billets réunis en un seul : l'iceberg Silvio Berlusconi


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Introduction
LA PARTIE IMMERGÉE

(dernières nouveautés...)


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Introduction

S’il est vrai qu’un seul indice fait un indice, que deux indices font une coïncidence et trois indices une preuve, dans le cas de Silvio Berlusconi, ce n’est pas 3, mais 300 ou 3000 indices que nous avons…

Car s’il fallait mettre bout à bout tous les épisodes connus, avérés ou soupçonnés, concordants, répétés, recoupés, constants dans le temps, etc., où apparaît le nom de BERLUSCONI (Silvio et Paolo, les deux frères) au côté de mafieux, de trafiquants en tous genres, d’assassins, de terroristes, de voleurs, de corrompus, de condamnés, d’infâmes représentants de pouvoirs occultes, j’en passe et des funestes (…), et les cataloguer comme autant d’indices, nous obtiendrions une SOMME impressionnante, tellement impressionnante qu’à la limite elle est impossible à quantifier.

Historique, même. Déjà écrite noir sur blanc, depuis plus de 20 ans, consignée à la postérité dans des documents par centaines, traduits dans des dizaines de langues : livres, articles de journaux, reportages télé, rapports officiels, officieux, confidentiels ou publics, enquêtes, procès-verbaux, jugements prononcés et autres décisions de justice, dont certain(e)s ont même force de chose jugée, etc. Où j’inclus dans le « etc. » tout l’existant que nous ignorons, nous, les citoyens lambda, mais que tous les gouvernements – et leurs gouvernants – savent…

Donc, tout le matériel qui compose cette SOMME immense est-il destiné à rester sine die lettre morte, sans résultats, sans effets ? Apparemment sans aucune importance pour une majorité du peuple italien, abêti et avili, frappé de je-m’en-foutisme chronique autant que d’une forme aiguë et incurable de stockholmite ? Incapable de bouger le cul ou d’ouvrir la bouche pour protester contre l’indéfendable !

Probable qu’ils se sentent fidèlement représentés par ce sépulcre blanchi à la tête goudronnée. Coglioni et fiers de l’être, encore un peu et ils vont même l’élire président de la république…

Pas moi. Et je parle en mon nom : LE RAY (Jean-Marie et Paolo Bernard, père et fils). Je ne suis pas italien mais ma femme l’est. Et notre fils aussi. Condamnés à subir ce gouvernement de vils et de serviles, que nous n’avons pas choisi (tout au moins ma femme, puisque je ne vote pas en Italie, n’étant pas italien). Mais en général, sauf tendances suicidaires, il est rare que les cancéreux choisissent le degré de malignité de leur tumeur…

Il y a deux ans, dans un ouvrage très sérieusement documenté, intitulé Se li conosci li eviti (Si tu les connais, tu les évites), Peter Gomez et Marco Travaglio (les mêmes journalistes qui ont signé l'opuscule en 5 langues présenté au Parlement européen le 2 juillet 2003 par Gianni Vattimo), dénombraient près d’une soixantaine de députés et sénateurs appartenant au seul parti de Berlusconi avec un casier judiciaire peu ou prou chargé, du très chargé (Dell’Utri et Previti, pour ne citer qu’eux, mais également au plus haut niveau de l'état) aux moins chargés, et à peu près autant dans les autres partis, dans une transversalité et une continuité exemplaires, de droite à gauche en passant par le centre et de la première à la deuxième république, encore pire que son aînée, bien pire, et ce n’est pas peu dire !

Or non seulement ces chiffres ont augmenté depuis, mais c’est loin d’être fini… Ils sont comme les champignons, il en sort tous les jours. Espérons au moins qu’ils finiront comme les champignons, qui pourrissent par la queue :-)

Donc que chacun/e se fasse sa propre idée de la façon dont on pourrait qualifier cette SOMME.

Pour la « justice » italienne, ces montagnes d’archivages, de non-lieux, d’amnisties, de prescriptions, de classements sans suite, de silences assourdissants, d’affaires étouffées dans l’œuf (à tel point que même lorsque Berlusconi est pris en flagrant délit, la main dans le sac, c’est la faute au sac…), restent des indices !

Pour moi, c’est une preuve. Évidente. Incontestable. Et si pour certains ce ne saurait être une preuve de culpabilité, c’est en tout état de cause une preuve irréfutable d’immoralité, d'indignité, de malhonnêteté caractérisée, de fausseté impulsive. D’indécence, même. Et quoi qu’il en soit d’incompatibilité totale avec les caractéristiques que devrait réunir un homme ayant de telles responsabilités publiques, censé être « au service » de la nation !

Preuve qu’un homme tel que Silvio Berlusconi – qui empoisonne la vie politique italienne depuis maintenant plus de 15 ans, en prenant un pays entier en otage et en subordonnant les besoins de la collectivité à ses exigences privées, dictées par ses seuls intérêts et conflits d’intérêts, avouables et inavouables – est totalement inapte à guider une « démocratie ». Du reste je ne suis ni le seul ni le premier à le dire : dès son précédent gouvernement, The Economist titrait (et pourtant ils ne sont pas particulièrement « communistes » chez The Economist), avec Silvio en couverture (il aime ça) : “Why Silvio Berlusconi is unfit to lead Italy

Traduction : pourquoi Silvio Berlusconi est-il inapte à gouverner l'Italie ?

Et bien c'est ce que nous allons tenter d'expliquer en donnant un aperçu sommaire de la partie immergée de l'iceberg Silvio Berlusconi. [Début]

LA PARTIE IMMERGÉE DE L'ICEBERG

Depuis maintenant près de deux ans, c'est-à-dire depuis que Berlusconi a repris le pouvoir, le centre et le programme de la politique italienne peuvent se résumer à une seule question : comment sauver Berlusconi de ses procès ? Passés, présents et à venir...

Car il ne faut pas se leurrer, toutes les affaires évoquées dans la partie émergée ne sont rien par rapport à celles qui vont arriver, et qui sont déja arrivées...

Le curriculum judiciaire de Berlusconi est aussi riche que lui, et dès 1983 une note confidentielle de la Guardia di Finanza l'indiquait comme étant possiblement impliqué dans un trafic de drogue entre la Sicile, la France et d'autres régions d'Italie (notamment la Lombardie et le Latium) :


Dix ans plus tard, le 27 novembre 1993, le commissaire Fausto Cattaneo, responsable du Service "Informations sur la drogue" de la police suisse, transmet un rapport à toutes les autorités judiciaires suisses compétentes, dont Carla Del Ponte, rapport qui restera sans suites. Malheureusement...


Un rapport dont le contenu a été repris dans un livre intitulé « Comment j'ai infiltré les cartels de la drogue », paru chez Plon en 2001 (dont a également été tiré le film Dirty Money, l'infiltré), où le commissaire Fausto Cattaneo explique que dans le cadre de l'opération Mato Grosso, infiltré parmi les trafiquants de drogue brésiliens auprès de qui il se fait passer pour un avocat mafieux, l'un d'eux, un certain Juan Ripoll Mary, lui parle de l'empire économique et financier de Silvio Berlusconi, qui serait impliqué dans le blanchiment d'argent des narcotrafiquants...

Or à la même époque, à la veille de se lancer dans l'aventure politique, Berlusconi avoue que selon certains de ses plus fidèles conseillers, notamment Confalonieri et Letta, cette aventure était une folie qui aurait provoqué des enquêtes : « ils feront de tout pour me détruire, ils iront fouiller dans mes documents et diront que je suis un mafieux » (Confalonieri e Letta mi dicono che è una pazzia entrare in politica e mi distruggeranno, che faranno di tutto, andranno a frugare tutte le carte e diranno che sono un mafioso).

Marco Travaglio s'interroge : comment une telle pensée peut-elle venir à l'esprit d'un entrepreneur milanais ?

En tout cas, s'il y a quelqu'un qui était convaincu que Berlusconi était un mafieux, c'était bien Umberto Bossi ! Qui ne perdait pas une occasion pour attaquer Berlusconi avec violence et virulence : « Berlusconi, t'es un mafieux ? Réponds ! »

Voici la question - accompagnée de 11 autres - que titrait en Une le quotidien du parti de la Ligue du Nord, La Padania, en juillet 1998 :


Tellement convaincu, Umberto Bossi, qu'il contacta ... Fausto Cattaneo pour qu'il reprenne l'enquête dont il avait inexplicablement été dessaisi quelques années plus tôt, en se concentrant sur Silvio Berlusconi. L'ex-commissaire raconte :
En 1995, dans un premier temps, j'ai été contacté par des émissaires d'Umberto Bossi, puis par Bossi en personne. Depuis peu Bossi avait fait tomber le premier gouvernement Berlusconi, et lorsque la Ligue du Nord sut l'existence de mon rapport, ils voulurent me rencontrer, surtout pour obtenir des preuves des méfaits de Berlusconi et pour le détruire, tel qu'ils me l'expliquèrent à l'époque. C'est ainsi qu'au printemps 1995 je rencontrai dans un bar de Cadenazzo (Bellinzona) le député Roberto Calderoli et le professeur Gian Battista Gualdi. (...) Ils me demandèrent si j'en savais plus sur Berlusconi que ce que j'avais écrit dans le rapport. Ma réponse fut négative puisque l'enquête avait été stoppée pour des motifs extérieurs à ma volonté, mais je leur fis comprendre que j'aurais pu la poursuivre en tant qu'indépendant. Calderoli et Gualdi me répondirent qu'ils n'étaient pas autorisés pour décider et qu'ils en auraient parlé à Bossi. Quelques jours plus tard le professeur Gualdi me rappela en me disant que Bossi était prêt à me rencontrer à Milan, dans les locaux de la Ligue du Nord.

(...)

Je ne commis pas l'erreur d'aller seul au rendez-vous, où je me présentai avec deux amis, dont l'un était un commissaire de police à la retraite et l'autre un journaliste. D'emblée Bossi joua au dur, il semblait énervé par notre présence. Mais lorsque je lui fis comprendre que c'était lui qui m'avait contacté en premier, il changea d'attitude et commença à en dire de toutes les couleurs sur Silvio Berlusconi. Quelques jours après, le professeur Gualdi me fit savoir qu'ils avaient débloqué une première avance de 8 millions de lires, remis de la main à la main au péage de l'autoroute Como Nord. Je pus donc me rendre au Brésil pour tenter de renouer les fils de l'enquête sur Juan Ripoll Mary. C'est ainsi que découvris qu'un congrès de la Fininvest se déroulait dans un hôtel appartenant à un ami intime de Ripoll Mary, où le service de sécurité ne me permit pas d'entrer. Au terme de mon séjour à Rio De Janeiro, je rentrai en Italie et communiquai à l'entourage d'Umberto Bossi que les choses procédaient. Depuis ce jour-là, ils ne reprirent jamais contact avec moi.
Par contre depuis cette époque, au moins en apparence, Bossi et Berlusconi sont devenus copains comme cochons...

Quant au recyclage d'énormes sommes mis en place par Ripoll Mary entre le Brésil et la Suisse, il avait pour but de financer la réalisation d'une ville pharaonique, pas moins que ça, humblement dénommée Nouvelle Atlantide, pour laquelle les projets étaient déjà prêts et un investissement prévu de 20 milliards de dollars. [Début]

* * *

Le parallèle intéressant, dans cette histoire, c'est qu'en Italie, dans les années 1970, un jeune entrepreneur milanais édifie une ville dans la ville, baptisée Milan 2. Le 11 mars 1976, sur le quotidien La Repubblica, Giorgio Bocca s'interroge :
“Milan est la ville où un certain Berlusconi, 34 ans, est en train de construire "Milano 2", un chantier qui coûte 500 millions de lires par jour. Qui lui a donné cet argent ? Nul ne le sait. Qui lui a donné les permis de construire et l'autorisation de détourner le trafic aérien pour que les avions ne passent plus au-dessus de son quartier ? Ça on le sait, même si on ignore le reste. Comment est-il possible qu'un jeunot de 34 ans comme ce Berlusconi ait son “jet” personnel qui le mène aux Caraïbes, où il prend son bateau qui serait en fait un navire océanographique ? Nous serions quand même très curieux et très intéressés de connaître des lèvres de Monsieur Berlusconi l'histoire de sa vie : qu'il nous raconte comment fait-on pour passer de l'aiguille au million, ou du million aux cent milliards”.
Oui, qui lui a donné cet argent ?

Un jeunot qui se faisait déjà photographier dans les bureaux de sa société de construction, Edilnord, avec un 357 magnum bien en vue sur son bureau !


Pour autant, Berlusconi lui-même n'a JAMAIS répondu à cette question ! Et la seule fois où il aurait pu le faire, officiellement, il ne l'a pas fait, en perdant ainsi une occasion unique d'éclaircir une fois pour toutes l'origine inépuisable des fonds qui lui ont permis, en quelques années à peine, de créer son empire en partant de RIEN...

C'était au procès de première instance au terme duquel son éminence noire et ami, le sénateur Marcello Dell'Utri, a été condamné à 9 ans de prison pour concours externe en association mafieuse (condamnation réduite en appel à 7 ans), lorsque les magistrats de Palerme vinrent à Rome, le 26 novembre 2002, directement au Palais Chigi (le palais de la présidence du Conseil des ministtres), pour écouter son témoignage (requis à la fois par le Parquet et par les avocats de la défense de Dell'Utri et Cinà) sur une précédente enquête concernant Berlusconi et Dell'Utri pour blanchiment d'argent mafieux.

Berlusconi choisit alors de ne pas répondre aux questions des magistrats, une faculté que lui confère la loi. Donc au plan formel, rien à dire. Dura lex, sed lex...

Sauf que les ombres restent. Et le rattrapent, par la voix de Massimo Ciancimino, qui explique que son père et d'autres chefs mafieux ont investi beaucoup d'argent dans Milano 2...

L'avocat de Berlusconi, le député Niccolo Ghedini, déclare évidemment que rien n'est vrai, que « le complexe immobilier, Milano 2, a été entièrement financé par la vente anticipée des appartements », et que Berlusconi n'a jamais au grand jamais entretenu de relations d'affaires avec Vito Ciancimino, ex-maire mafieux de Palerme et père de Massimo.

En clair, ce serait la parole de Berlusconi contre celle de Massimo Ciancimino. Oui mais voilà, le fils de Don Vito étaye ses affirmations par une montagne de documentation. Dont un chèque de 35 millions de lires signé par Silvio Berlusconi et adressé à Ciancimino père pour financer son parti politique.

Mais surtout, bien plus grave, Massimo et maintenant sa mère, fournissent aux magistrats un mémorandum détaillé qui devrait leur permettre de retrouver traces des opérations financières.

Où Vito Ciancimino, outre mentionner les noms de deux constructeurs impliqués, condamnés ensuite pour mafia, Nino Buscemi et Franco Bonura, dit explicitement que lui, Marcello Dell'Utri et, indirectement, Silvio Berlusconi, sont les "enfants de la même louve" :
Nous appartenons au même système, même si nous avons été traités différemment uniquement pour des raisons géographiques.

Aussi bien Vito Ciancimino que Marcello Dell'Utri ont développé leurs affaires en liaison étroite avec le monde politico-mafieux notoirement connu, comme cela a été décrit dans de nombreux rapports judiciaires.

Dès les années 80, l'Interpol de Milan avait amplement documenté la proximité et les relations directes entre Dell'Utri et des représentants mafieux...


Dans un document remis au juge par l'épouse Ciancimino, femme de Vito et mère de Massimo, on peut lire ceci :
Moi-même, Vito Ciancimino, et d'autres amis entrepreneurs, sur indication de Dell’Utri, nous avons jugé bon d'investir dans des entreprises rattachées à Berlusconi. C'est ainsi que nous avons injecté plusieurs milliards de lires dans des spéculations immobilières à la périphérie proche de Milan.
Et son fils d'ajouter : mon père était en colère parce que lui et Berlusconi avaient été différemment traités uniquement à cause de raisons géographiques. Il ne demandait pas la condamnation de Berlusconi mais il était convaincu que si lui aussi avait été mis en examen à Milan, comme Dell’Utri, il aurait été absous. De même, l'argent correspondant au retour sur ces investissements a fini par être saisi à Ciancimino père, tandis que jamais personne n'a rien contesté à Berlusconi sur ce point...

Quoi qu'il en soit, les documents de Ciancimino père, qui ont été expertisés et jugés authentiques (selon Ghedini, ils sont diffamatoires, tandis que selon Sonia Alfano, parlementaire européenne, ils sont la énième confirmation des relations directes entre Berlusconi et Cosa Nostra...), contiennent aussi une lettre manuscrite envoyée à Antonio Fazio, alors dirigeant de la Banca d'Italia, dont le nom faisait partie des candidats possibles pour gouverner le pays à une époque particulièrement tragique pour l'Italie (1992 - 1993), dans laquelle il fournit son interprétation des meurtres de l'eurodéputé andreottien Salvo Lima et des juges Giovanni Falcone et Paolo Borsellino.

J'ai traduit cette lettre, qui me touche particulièrement :


Je soussigné, Vito Ciancimino, notoirement connu, souhaite vous soumettre la présente pour qu’elle vous serve de mémorandum, à l’avenir, si vous décidez vraiment de vous lancer dans l’arène politique, comme certains Amis du régime me l’ont suggéré. Mais tout d’abord, il est de mon devoir de préciser que, directement et indirectement, je fais moi-même partie de ce « Régime » qui, aujourd'hui, autant à cause de ses erreurs que des miennes, tentera certainement de vous forcer, alors que vous-même êtes une personne au-dessus des parties, que j’ai appris à estimer et apprécier au fil du temps, pour vous convaincre de prendre les rênes d'un pays au bord du gouffre. J'ai été condamné pour crime de mafia sur les indications du régime et de personnes au côté desquelles certains mafieux sont de vrais gentlemen.

Dès 1984, pour répondre à un mandat précis desdites personnes, il a été décidé, après avoir adhéré à toutes leurs revendications, de sortir d’un tiroir un vieux rapport de la Criminalpol transmis en Italie trois ans auparavant, et d'armer l’action judiciaire du juge Falcone pour éliminer Vito Ciancimino de la scène politique. C’est ainsi que fut décidée une véritable épuration, uniquement interrompue par le suicide du député Rosario Nicoletti. Les dirigeants de la démocratie-chrétienne décidèrent alors de serrer les rangs autour du décès de leur secrétaire régional palermitain. Ces mêmes personnes, par l’intermédiaire du comte Vaselli, me firent ensuite contacter par Gianni De Gennaro, autant pour me préparer au triste événement que pour contrôler les réactions et les dommages que mon arrestation aurait pu causer à leur nouveau "projet". Mais c’est bien cette année-là que le « régime » mit au point son chef-d'œuvre. Je suis fermement convaincu que la main de la mafia fut armée sur ordre de ces personnes, afin d’assassiner Salvo Lima, Giovanni Falcone et Paolo Borsellino.

Or faisant partie de ce régime, je suis conscient que, par le simple fait d’en faire partie, j’en serai bientôt exclu. Pour l'heure, je sers encore à leurs derniers desseins avant le « chef-d'œuvre final ». Mais après une première tentative scélérate de solution avancée par le colonel Mori pour stopper l’attaque terroriste mafieuse, énième arme aux mains du régime, interrompue de facto par l'assassinat du juge Borsellino, très certainement prêt à s’opposer résolument à cet accord, finalement, sous la contrainte des événements, il fut décidé d'accepter la seule solution possible pour tenter de ralentir ce flot de sang, qui n’était pourtant qu'une partie du plan subversif.

À plusieurs reprises, en vain (je pourrai produire toute la documentation), j'ai demandé à être entendu par la Commission Antimafia, à la seule condition que tout aurait dû être diffusé en direct à la télévision, dans le seul but de dénoncer à l’opinion publique italienne les événements dont je ne dévoile ici qu’une fraction minime, événements qui furent un instrument aux mains du pouvoir dont je fais moi-même partie. Ce même régime que j'ai dénoncé publiquement comme étant « Le Grand Architecte », est composé d'hommes des Institutions que je connais bien par leurs noms et leurs prénoms. Or mon sentiment est qu’avec la chute du mur de Berlin se sont aussi écroulés les véritables motifs et les postulats de base pour lesquels, en son temps, j'avais adhéré à toute cette histoire. En revanche, la tentative actuellement en cours pour pouvoir participer directement à la vie politique future de notre pays n’est que le énième acte scélérat, auquel non seulement je n’entends pas prendre part, mais également que je tiens à dénoncer. L’ensemble de l’ancienne hiérarchie politique sera destinée à s’aligner à ce nouveau cours de l'histoire de notre République, qui jette aujourd’hui ses bases non plus sur une simple escroquerie, mais sur « un véritable carnage ». Je peux évidemment fournir toute la documentation connexe pour preuve de ce que j’avance, ainsi que les noms et prénoms des personnes impliquées.


Le véritable carnage, ce sont les bombes de 1992-1993, beaucoup de sang versé, le sang innocent d'italiennes et d'italiens honnêtes sur lequel se fonde le pacte état-mafia qui a donné naissance à la IIe République italienne.

Celle que nous connaissons aujourd'hui et qui a pour actuel président du Conseil un certain Silvio Berlusconi !

Comment est-ce possible ? C'est la question que je me pose tous les jours, encore sans réponse... [Début]


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P.S. Il y a quelques jours, Salvatore Riina a été autorisé à voir son fils aîné, lui aussi en prison, pour la première fois depuis 14 ans. Leur entretien, qui a été enregistré, est une leçon magistrale du langage mafieux où le plus explicite est dans les non-dits. Or pour Riina, les seuls véritables infâmes - l'insulte suprême pour un chef mafieux - sont Vito Ciancimino et son fils. Mais paradoxalement, c'est le plus grand gage qu'il puisse donner du sérieux et de l'authenticité de leur témoignage...

[MàJ - 21 septembre 2010] À ce propos, permettez-moi de vous signaler deux nouveautés très intéressantes, que j'ai apprises hier lundi (alors que mon billet date de l'avant-veille, samedi) en suivant le point hebdomadaire sur la situation italienne de Marco Travaglio, que voici en images (et en texte) :



  1. Concernant le chèque de 35 millions de lires signé Berlusconi (dont parlait déjà Massimo dans une écoute téléphonique qui remonte au 5 mars 2004...), il était vraisemblablement destiné à financer le parti politique de Ciancimino, la DC, et serait datable dans une fourchette comprise entre 1979 et 1983 (c'est-à-dire à la grande époque où les fonds d'origine suspecte, pour employer un euphémisme, arrivent par milliards dans les caisses de Fininvest, l'empire de Berlusconi) : en effet, Vito Ciancimino note par écrit sur un "pizzino" (littéralement, un bout de papier, mais à forte connotation mafieuse, puisque c'est le moyen traditionnel utilisé par les chefs mafieux - et notamment Provenzano - pour communiquer) que cet argent lui sert à l'achat de cartes pour la période 79/83 (acquisto tessere periodo 79/83), c'est-à-dire l'achat de fausses cartes d'adhésion à la Démocratie chrétienne pour passer devant ses concurrents politiques et se faire élire en Sicile.

  2. Outre le chèque, l'épouse Ciancimino fournit également un autre "pizzino", vraisemblablement datable en 2001 (l'expertise est en cours, mais 2001 c'est l'époque où Berlusconi est en passe - ou vient - d'être réélu président du Conseil pour son deuxième gouvernement, après avoir conquis 61 sièges sur 61 en Sicile, du jamais vu...), destiné à Bernardo Provenzano, sur lequel son mari écrit ceci :
    “sur les 100 millions reçus de Berlusconi, 75 vont à Benedetto Spera et 25 à mon fils, Massimo, mais il faudrait dire à nos amis qu'ils arrêtent leurs conneries et pensent à résoudre nos problèmes judiciaires”...
    En clair, Benedetto Spera est le bras droit de Provenzano, et il serait temps que le parti politique élu grâce aux votes de la mafia fasse adopter une législation plus souple et adaptée aux exigences mafieuses, écrites noir sur blanc dans le "papello"...

    Pourtant, dès sa première élection, Berlusconi avait montré toute sa bonne volonté, puisque dès le 13 juillet 1994 (deux mois à peine après la composition de son premier gouvernement, entré en fonction le 10 mai 1994), il s'était empressé de faire promulguer le tristement fameux "décret-loi Biondi" (du nom de son ministre de la "justice", Alfredo Biondi), autrement dénommée loi "salva-ladri" (le salut des voleurs), qui aurait permis de libérer tout le monde (y compris les couples de corrompus/corrupteurs - qui vont toujours par paire - condamnés dans le cadre de l'opération Mains propres...), sous le généreux prétexte de désengorger les prisons !

    Le lendemain, 14 juillet 1994, Antonio Di Pietro, alors au plus haut de sa popularité, avait lu un communiqué de presse télévisé, au nom de l'ensemble du pool milanais, pour annoncer à la nation leur intention de tout abandonner :
    Convaincus que la nécessité de faire observer la loi vis-à-vis de tous les citoyens était une opinion généralement partagée, nous avons travaillé intensément pour servir notre pays jusqu'au bout.

    (...)

    Or ce décret-loi ne permet plus aux magistrats de lutter efficacement contre les crimes sur lesquels ils enquêtent. (...) Nous avons donc informé le Procureur de la République de notre intention d'être mutés au plus vite vers des missions où nous ne serons plus obligés de nous heurter entre ce que notre conscience nous dicte et ce que la loi nous impose.
    Face à l'énorme levée de boucliers qui s'ensuivit, Berlusconi fut obligé de faire marche arrière, avant que son gouvernement ne tombe six mois plus tard...

    * * *

    Le 22 décembre 2002, dans l'année qui a suivi la deuxième accession de Berlusconi à la présidence du Conseil, au stade de Palerme se jouait le match Palerme - Ascoli (Ascoli étant la ville où Salvatore Riina purgeait alors sa peine), durant lequel toute l'Italie put voir à la télé le message suivant :

    UNITI CONTRO IL 41 BIS
    BERLUSCONI dimentica LA SICILIA!



Traduction : Unis contre le 41-bis, Berlusconi oublie la Sicile ! (Il faut savoir que l'assouplissement des conditions de détentions très strictes fixées par l'article 41-bis, qui établit un régime carcéral de très haute sécurité pour les chefs mafieux, est le premier point négocié par la mafia dans le "papello"). Une façon comme une autre, donc, de faire comprendre aux "amis" qu'ils arrêtent leurs conneries et pensent à résoudre, enfin, les problèmes judiciaires de la mafia...

Et Marco Travaglio de se demander (j'adapte) : c'est quoi, ces 100 millions de lires "donnés" par Berlusconi dont parle Ciancimino père ? Un versement fixe, mensuel, trimestriel, semestriel, de Berlusconi à Ciancimino ? Et c'est quoi cette répartition, 25% à Ciancimino et 75% à Benedetto Spera ? En échange de quoi ? Depuis quand Berlusconi a-t-il pris l'habitude de payer la mafia, de quoi s'agit-il ? Ce sont les dividendes d'anciennes participations actionnariales ? Ce sont des cadeaux ? Des pots-de-vin ? Mystère ! Même si de toute évidence ça n'a rien à voir avec l'autre chèque de 35 millions, puisqu'à l'époque où il l'a signé, Berlusconi n'était pas encore en politique...

Voilà pour aujourd'hui. En fait, ma précédente conclusion n'a pas changé : toujours de plus en plus de questions, toujours de moins en moins de réponses ! [Début]

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