jeudi 31 juillet 2008

Mediaset vs. YouTube, Berlusconi vs. Google


L'info a fait le tour du Web à la vitesse Internet, communiqué de presse officiel ici, version française .
Voyons maintenant quelques approfondissements venant directement d'Italie, puisque c'est de là que ça part et que la plainte a été déposée devant le Tribunal civil de Rome (auprès duquel je suis "expert assermenté", soit dit en passant).
Et puisqu'on parle d'experts, l'expertise pour le compte de Mediaset a été effectuée par Matteo G.P. Flora, qui décrit ainsi le mandat qui lui a été confié :
- deux mois de travail
- un crawling qui a généré 185 Go de trafic
- les fameuses 4 643 preuves (les extraits vidéos appartenant à Médiaset)
- 9 DVD remplis de preuves à charge
- autres recherches et recoupages afférents
- un rapport d'expertise de 5 260 pages et pièces jointes (dont 243 pages d'analyses) (cf. la quinzaine de volumes du rapport ci-dessous)



Je serais curieux de lire la plainte, mais en furetant sur le Web italien à la recherche d'infos, je n'ai pas encore compris la corrélation entre les 325 heures de vidéos reprises sur YouTube et le calcul de la perte pour le groupe, "évaluée" à 315 672 jours (865 siècles !!!) de visionnage de la part des téléspectateurs.
Sans compter le manque à gagner des recettes publicitaires...
Ceci dit, le dossier est confié aux avocats Gaetano Morazzoni, Vincenzo Sangalli, Alessandro La Rosa et Stefano Previti, ces deux derniers du cabinet légal de Cesare Previti (dont Me Stefano est le fils), ami "intime" de Silvio Berlusconi (voir par exemple le scandale Mondadori), qui reprend du service pour Mediaset depuis un certain temps déjà, notamment contre Marco Travaglio, attaqué de tous les côtés...
D'ailleurs, pour en revenir à YouTube, si vous comprenez l'italien, je vous suggère vivement de regarder les vidéos de Travaglio, c'est édifiant...





Au moins, quand on lit Gomorra on sait à quoi s'attendre. Mais quand on lit les ouvrages de Travaglio sur les dessous (de table) de la politique italienne, on se dit vraiment qu'en Italie les politiques sont encore plus ripoux que la mafia... Voir sa présentation de Mani Sporche (par opposition à Mani Pulite, Mains sales vs. Mains propres...) :





Naturellement, en voyant que tout ce matériel est disponible et librement accessible en quantité sur YouTube (voir aussi le blog de Beppe Grillo), on comprend pourquoi Berlusconi en a après Google (il vient d'ailleurs de gagner dans une affaire proche opposant Telecinco à YouTube, et c'est sûrement pas sur Rivideo qu'on va retrouver les mêmes clips...). Et on comprend aussi pourquoi il attaque en faisant appel à Previti, après tout, ça reste une affaire de familles !



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