samedi 7 mars 2009

Comprendre l'Italie

Pour un non-italien, c'est généralement très difficile de comprendre l'Italie. Notamment parce que, pour comprendre, il faut placer l'Italie, sa culture et son histoire, en perspective.



Une perspective spatio-temporelle où l'espace comprend essentiellement deux pays, l'Italie et l'Amérique, et où il faut remonter le temps au moins jusqu'à la fin de la deuxième guerre mondiale pour inscrire les événements présents dans une ligne de continuité cohérente avec tout ce qui a précédé.



Je ne prétends pas faire œuvre d'historien, je n'en ai ni les compétences ni les capacités, mais juste tenter d'expliquer, d'abord à moi-même en l'écrivant, les événements d'aujourd'hui à la lumière de ceux d'hier.



Sans quoi il est impossible de saisir ce qui se passe en ce moment. Et ce qui risque de se passer si le pays né réagit pas, ou, à défaut, si l'Europe et les forces démocratiques encore vives - où qu'elles se trouvent, y compris outre Atlantique... - laissent faire dans une feinte indifférence et un silence coupables.



L'Histoire enseigne, ou, pour le moins, devrait enseigner, que lorsque la gangrène commence à se propager dans un pays, ensuite son expansion est comme le fameux nuage de Tchernobyl : impossible de l'arrêter aux frontières...



Donc, pour tracer un cadre d'ensemble, même sommaire, les événements cruciaux - historiques et culturels - qui confluent jusqu'à nos jours pour rendre la situation actuelle explosive (au vrai sens du terme), peuvent se résumer à trois sphères décisives :



- Gladio

- Propaganda Due

- la mafia (terme générique englobant toutes les mafias italiennes, des trafiquants en tout genre à la criminalité en "col blanc", etc.)



L'avenir de l'Italie se dessine aujourd'hui en fonction des réponses que le pays saura donner à l'héritage que lui ont légué ces trois situations historiques et culturelles, un héritage extrêmement sombre et négatif, il va sans dire, mais terriblement présent. Plus que jamais présent.



Dans mes prochains billets, je tenterai donc de décrire en termes aisément compréhensibles ce qui précède, pour planter le décor et voir au final comment le système politique actuel, pourri jusqu'à la moelle, s'insère dans ce panorama si triste, qui risque fort de transformer le Bel Paese en pays des horreurs si personne ne s'y oppose.





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5 commentaires:

  1. Je suis d'origine italienne, comme bon nombre de Français. Mes deux grand-parents maternels, l'une de Rimini et l'autre de Venise, sont venus en France quand ils avaient dix ans pour fuir le fascisme au début des années 30. La légende familiale veut que mon arrière-grand-père ait décidé de venir s'installer en France après que l'un de ses amis ait été forcé d'avaler de l'huile de ricin au verre pilé par les chemises noires. Il en est mort. Les fascistes firent clairement comprendre à mon arrière-grand-père qu'il était le suivant sur la liste. Ce dernier décida de tout laisser sur place et partit avec femme et enfants en France. Parmi ses fils, plusieurs moururent d'accident dans les mines et les usines françaises en Lorraine. L'un d'eux est même mort sous l'uniforme italien en Russie, quand Mussolini prit d'un étrange délire aida l'armée allemande en déroute en Russie d'unités italiennes.
    J'ai un grand amour pourtant pour ce pays dans lequel, bien que je n'en parle pas la langue, je me sens chez moi chaque fois que j'y retourne. Pourtant, la violence actuelle dans la société italienne me semble faire un étrange écho à l'histoire de mes ancêtres exilés en France, il y a 80 ans de cela. L'Italie est le lieu de naissance du fascisme, elle l'a propagé en Espagne et en Allemagne et pourtant l'Italie, allié inconditionnel de Hitler, est ressorti de la guerre non en coupable mais en victime. L'Histoire a d'étranges détours. J'en arrive à penser que l'Italie opportunément tombé dans le camp des vainqueurs n'a pas vraiment nettoyé son identité de cette souillure originelle. Le fascisme est toujours là, à l'affût, près à redresser sa tête immonde sous les oripeaux d'une démocratie fragilisée par des années de son Emitance Berlusconi. J'espère me tromper.

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  2. @ Anonyme,

    Merci pour ton témoignage. Non, tu ne te trompes pas, mais je crois qu'aujourd'hui beaucoup de gens ici sont prêts à relever la tête et à ne pas subir en silence.
    Voilà pourquoi je garde espoir :)

    J-M

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  3. Désolé pour le Anonyme, je me suis trompé en écrivant mon commentaire...

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  4. Le plus difficile, je le pense sincèrement, c'est de faire comprendre aux non-italiens qu'il y a plusieurs Italie ...

    Naples n'est pas vraiment en Italie, n'est-ce pas ? Et San Marin ? Entre l'entité nationale (construction artificielle) et la très très grande diversité de sensibilité politique des régions, et parfois des villes, le néophyte a du mal à comprendre.

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  5. Szarah,

    Non, il n'y a qu'une seule Italie, avec de fortes différences régionales, mais pas plus qu'il peut y en avoir entre corses et bretons, par exemple.
    La fameuse division entre Italie du sud et Italie du nord est entretenue artificiellement depuis des décennies par les politiques et les mafieux de tous bords car ils ont tout à y gagner.
    Comme aujourd'hui Berlusconi a tout intérêt à conditionner une Italie faite d'un peuple de téléspectateurs-consommateurs dont l'opinion manipulée est totalement nivelée par le bas dans une logique "panem et circenses", même si le pain devient de plus en plus dur à gagner.
    Exemple de ce jour : ce matin à Florence, Beppe Grillo présentait les "listes civiques" pour les prochaines élections, une véritable révolution.
    AUCUN JT n'en a parlé ! Que les télés de Berlusconi n'en parlent pas, on pourrait le comprendre, mais que les télévisions publiques n'en parlent pas non plus, ça dépasse l'entendement !
    Je dirais même plus : on aurait dit que l'info était formatée de la même manière sur RAI 1 et sur Canale 5 : mêmes intervenants, dans le même ordre, mêmes images...
    Une véritable propagande de régime, c'est hallucinant !
    Donc le problème aujourd'hui et à très court terme, ce ne sont pas les différences régionales, mais c'est qu'un fou furieux, Silvio Berlusconi, est en train d'installer une dictature en plein coeur de l'Europe, en 2009, sans que personne ne lui dise rien.
    Pour l'instant...

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